Mgr Jean-Marie Fortier

4- Mgr Jean-Marie Fortier, quatrième évêque de Gaspé de 1965 à 1967

L’évêque de la cathédrale

Mgr Jean Marie Fortier arrive à Gaspé en hiver 1965 et presqu’aussitôt il se rend à Rome assister à la dernière session plénière du concile Vatican II. C’était sa deuxième participation au concile. Il y était déjà en 1963 à la deuxième session alors qu’il était évêque-auxiliaire du diocèse de La Pocatière.

« L’expérience conciliaire, avait dit le dominicain Yves Congar, père du concile, a transformé si profondément les participants qu’ils ont été conduits à envisager les choses autrement. » (Gilles Routhier, Cinquante ans après Vatican II, Paris, Les éditions du Cerf, 2014, p. 12.)

Mgr Paul Joncas, avait dit : « Notre évêque revient du concile très enthousiaste. Avec sa personnalité attachante et la délicatesse qu’on lui connaît, Mgr Fortier a permis le virage proposé au rythme qu’il fallait et dans la douceur. » Mgr Fortier n’avait-il pas entendu le pape Paul VI prononcer : « Reprenons notre marche… mettons-nous joyeusement et sans crainte au travail. Oui, le concile tend à un renouveau de l’Église. (…) L’Église, quatre ans durant vient de rajeunir son visage… La période postconciliaire se consacrera activement au renouveau avec méthode et générosité. »

Concrètement, en janvier 1966, le pape invite les chrétiens et chrétiennes de faire de cette année-là, une année de jubilé consacrée à découvrir les nouveautés du concile.

Il ajoute : « Nous considérons comme normal de demander que le jubilé ait comme siège naturel, l’église cathédrale et qu’il se déroule autour de l’évêque, Père et Pasteur. »

Et il écrit admirablement : « L’église cathédrale du diocèse est un temple qui bien souvent rend un magnifique témoignage au goût artistique et à la piété de nos ancêtres et s’orne d’admirables œuvres d’art… De plus, la cathédrale, par la majesté de sa construction, suggère le temple spirituel qui s’édifie intérieurement dans les âmes et resplendit de la magnificence de la grâce divine. » (Mirificus Eventus Paul VI, publié à Gaspé, le 2 janvier 1966)

Gaspé n’a pas de cathédrale depuis 1929. Mgr François-Xavier Ross l’avait ardemment souhaité à l’occasion des célébrations du 400e de l’arrivée de Jacques Cartier en 1534. Cependant, faute de moyens, le projet avait été sans cesse reporté.

Mgr Fortier a sans doute vu cette année du jubilé comme une occasion favorable pour relancer le projet de construction de la cathédrale diocésaine à Gaspé.

Le 2 juillet 1967, il envoie une lettre pastorale : « Je vous annonce avec des sentiments de joie très vive et de reconnaissance émue une nouvelle qui vous réjouira tous : le diocèse verra s’ériger bientôt sa cathédrale… C’est pourquoi je sollicite avec instance les prières de tous les diocésains… »

Ainsi la cathédrale du Christ Roi devient le monument qui marque le passage de Mgr Jean-Marie Fortier à Gaspé.

« D’une architecture unique, construite entièrement en bois, elle épouse le paysage, le cadre naturel qui l’entoure. L’intérieur surprend par son dépouillement et c’est dans le calme et l’unité que nous rencontrons le Créateur. » Voilà ce qu’en dit le feuillet de présentation remis à l’entrée de la cathédrale.

Mgr Fortier ne souhaitait-il pas en faire une parabole, un hymne à la nouveauté du concile Vatican II dans le sillage de la foi des fondateurs; la nouvelle maison du peuple de Dieu bâtie sur les fondations des commencements!

Il veut apporter un signe tangible aux paroles de Paul VI, prononcées à la clôture du concile : « Ce concile ne donnerait-il pas, en fin de compte, un enseignement simple, neuf et solennel pour apprendre à aimer l’homme afin d’aimer Dieu. »? Voilà la cathédrale du Christ Roi de Gaspé… “Simple, neuve et solennelle“, la maison du peuple de Dieu… pour répondre à l’appel de Mgr Ross, » Crescamus in illo per omnia », « Grandissons dans le Christ à travers toutes choses. »

Pistes de réflexion et d’échanges :

La nouveauté de la cathédrale du Christ Roi de Gaspé nous invite à « voir les choses autrement », quelle parole nouvelle monte en moi spontanément devant les changements du concile? Quels sont les fruits que je suis capables de voir?

Le pape François invite à aller plus loin : « Chers frères et sœurs, être Église, être Peuple de Dieu, selon le grand dessein d’amour du Père, cela signifie être le ferment de Dieu dans notre humanité, cela signifie annoncer et apporter le salut de Dieu dans notre monde, qui est souvent égaré, qui a besoin d’avoir des réponses qui encouragent, qui donnent de l’espérance, qui donnent une nouvelle vigueur sur le chemin. Que l’Église soit un lieu de miséricorde et d’espérance de Dieu, où chacun puisse se sentir écouté, aimé, pardonné, encouragé à vivre selon la bonne vie de l’Évangile. Et pour faire sentir l’autre écouté, aimé, pardonné, encouragé, l’Église doit garder les portes ouvertes, afin que tous puissent entrer. Et nous devons sortir de ces portes et annoncer l’Évangile. (21 juin 2013)

Chantons

Magnificat! Magnificat! Mon cœur exulte d’allégresse.

Magnificat! Magnificat! Mon cœur exulte d’allégresse.